Non au projet de Parc des Calanques (suite)

Bonjour,

il ne reste plus que quelques heures avant la clôture de l'enquête publique (le 17/11/2011).

De très nombreux efforts sont menés par les pros et antis parc national pour convaincre. Cette division est bien la preuve que ce projet débuté il y a 12 ans n'est toujours pas abouti et ne merite pas un "oui"!



Voici donc mon courrier aux enquêteurs :

A l’attention du président de la commission d’enquête
publique sur le projet de création du Parc des Calanques

En préambule,  je souhaite rappeler et souligner que les grimpeurs fréquentent les Calanques depuis plus d’un siècle et qu’ils ont toujours été à l’avant-garde pour la protection du massif.

Je ne peux toutefois pas apporter mon soutiens à la création d’un parc national dans les Calanques sans que de véritables moyens soient engagés pour lutter contre les pressions urbaines alentour (immobilières, carrières, routes, bateaux …), pour résoudre le problème de rejets en mer d’eaux polluées (notamment ceux de la station d’épuration et des boues rouges qui polluent dramatiquement la côte et les fonds marins d’une grande partie du massif.

Ces deux points cruciaux n’étant pas réellement pris en compte par le projet de Parc National présenté, et compte tenue des trop nombreuses incertitudes que laisse planer la charte (version 3 et certainement pas définitive) je me prononce CONTRE le classement en PN.

Concernant la pratique de l’escalade et autres activités de loisirs respectueux de l’environnement, je suis prêt en tant que grimpeur à limiter encore d'avantage mon impact sur le milieu (accès aux voies, éboulis, nidification, etc.…) mais je considère que les interdictions spatiales et temporaires de voies d’escalade doivent garder un caractère exceptionnel et être validées par les grimpeurs eux-mêmes et non le Président du PN. Il faut que l’effort demandé soit à la mesure de l’impact réel de ces activités sur le milieu naturel.

Pour les zones susceptibles d’être des réserves intégrales, je respecterai le consensus qui avait été trouvé avec le « milieu des grimpeurs » mais je demande expressément :
·         que les zones définies lors des réunions en 2010 avec le GIP et cartographiées sur une vue de face des falaises maritimes avec les coordonnées GPS soient intégrées de la même manière dans la charte.
·         que soit ouvert à la circulation le sentier de randonnée passant en piémont des falaises.
·         que la possibilité de bivouac soit maintenue.

Pour Soubeyrannes, l’interdiction de circuler de nuit me paraît disproportionnée. Il faut rappeler qu’il arrive souvent aux grimpeurs de rentrer en pleine nuit à cause de difficultés non prévisibles, inhérentes à leur activité (perte de l’itinéraire, coincement de corde…)

Pour l’ensemble de ces raisons, et étant donné la fréquentation, l’investissement et la présence historique des grimpeurs dans les Calanques, il me semble indispensable qu’un de leurs représentants soit admis au CA et que toutes mesures touchant à l’escalade dans le massif fassent l’objet de concertations et d’études associant les grimpeurs. Sans garantie sur ce point laissé au bon vouloir du futur directeur, il est inconcevable que je donne mon accord à votre projet de charte.

SUR  LE  FOND :

Le Massif des Calanques est à ce jour assez bien préservé notamment grâce aux efforts des associations d’usagers et de sportifs qui se mobilisent depuis des décennies pour sa sauvegarde ! Il bénéficie de nombreux autres statuts de protection pour lesquels l’Etat n’a hélas pas rempli ses engagements en terme moyens humains et financiers. Il est toujours essentiel de rechercher des solutions qui pourraient optimiser les mesures de préservation actuelle. Malheureusement le statut de Parc National tel qu’il a été revu en 2006 n’est pas la bonne solution !

On ne peut pas dire que la fréquentation est une menace pour les calanques et mettre en place simultanément un label déposé comme marque commerciale visant à augmenter la présence touristique en maximisant les retombées économique ! Il y a là un non sens, en réponse à une idée maintenant démodée : concilier préservation et consommation d'un site. Pire, cela porte atteinte à l’image des nos parcs nationaux déjà existants.

Enfin, l'état demande une plus grande rigueur budgétaire à tous et toutes et le projet mis en avant par le GIP souligne d’or et déjà que les moyens humains et financiers sont très insuffisants pour sauvegarder correctement les Calanques. Comment dire oui à un outil supplémentaire dont personne ne sait combien il coûtera en cette période ?

Le GIP a eut un mérite : celui d'avoir tenté de construire un projet impossible à construire. La charte version 3 ne convient toujours pas et l’on sait déjà que ce n’est pas la charte définitive sur laquelle vous nous demandez de nous positionner. Est-ce bien légal ?

L'enquête publique est certes la réponse la plus démocratique, mais le Oui et le Non ne sont pas en position équitable.
En effet, il faut une expression massive du non pour faire reculer le projet et il est facile de dire OUI à un projet bénéficiant de l'aura des PN existants (créés avant la modification de la loi) alors qu'il est très difficile d'exprimer publiquement un NON.

Ce NON n'est pas un NON contre la préservation, mais un NON contre un outil inadapté, mal défini et dont les problèmes de gouvernance ne peuvent que nuire aux usagers. 

Je m’associe donc aux très nombreuses associations et collectifs qui ont dit courageusement « NON au Parc ».

Nous avons tous en commun cette valeur et volonté de préserver sans exclure l'homme, car chacun à sa façon le fait déjà depuis longtemps.  C'est pour cela que nous disons tous, unanimement et massivement Non au Parc, Non à une préservation qui enferme, qui réduit, qui exclut, mais Oui à une préservation moderne, responsable, durable et innovante.

Grégoire Clouzeau
Rédacteur à La tribune libre de Bleau

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2 commentaires :

  1. Nous n’avons pas souhaité participer à ces groupes de pression : nous, Association “Des Calanques et des hommes”, nous nous voulons force de proposition. Nous sommes résolument partisans d’une protection accrue des Calanques, la structure "Parc national" – qui est actuellement proposée - permet une telle protection, mais ce n’est que sur un projet précis que nous nous prononcerons. Le projet actuel n’est pas satisfaisant, mais se déclarer d’emblée “contre le Parc” ne signifie rien d’autre que vouloir maintenir la situation présente. Affirmer sans précaution être “pour le Parc” est signer au Groupement d’Intérêt Public des Calanques un chèque en blanc que rien ne justifie.

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  2. Bonjour,

    Merci pour ces précisions importantes.
    Le titre de l'article était Non au projet et pas Non au PNC ce qui est une petite nuance. Toutefois, dans le cas précis des Calanques, je dis bien : NON à un PN !

    Le système des PN n'est absolument pas dadapté à votre situation et son utilisation ici (comme dans d'autres sites urbains) créé un précédent facheux !

    Je pense qu'il est grand temps de revoir la politique de protection de l'environnement en France mais en laissant un peu de place aux hommes et femmes qui habitent et entretiennent ces territoires sans en faire ni des sanctuaires, ni des vaches à lait touristique.

    Bon courage pour la suite.

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