Déchets en forêt : la colère gronde

Ce qui s’écrit dans certaines discussions du forum de bleau info depuis plusieurs mois est symptomatique de la colère qui monte chez les amoureux de Fontainebleau.

Comme le dit l’ami Jean Poule : « Le pronostic vital est engagé pour la forêt de Fontainebleau. La forêt peuplée de hêtres, de chênes, de pins, etc, telle que nous la connaissons aujourd'hui n'existera plus d'ici quelques années. » Il parlait de la gestion sylvicole de notre forêt et du réchauffement climatique mais il en va de même avec les sites d’escalade et la liberté de pratiquer ce sport !

Source Picasa !

La fréquentation des sites rocheux est maintenant telle qu’en plus des problèmes d’érosion et de cohabitation entre usagers, celui des déchets, et tout particulièrement ceux qui accompagnent la pratique du « bivouac » ou « camping sauvage », est devenu la plaie n°1. Rien à voir avec le problème des abords du Cuvier. S’ils sont tout aussi nauséabonds que ceux d’Isatis, la cause n’est pas tout à fait la même !

Car, oui, la pratique du camping sauvage et du bivouac est en pleine expansion depuis les quinze dernières années... Goût de l'aventure, de l'improvisation, de la nature  en sont les principales motivations. A cela s'ajoute les conséquences de la crise ! Il devient de plus en plus difficile d’aller pratiquer l’escalade à des centaines de kilomètres de chez soi tout en bouclant un budget serré ! Du coup, c’est souvent sur le poste hébergement que l’on gratte…

A Fontainebleau, comme dans bien des sites de sports et loisirs de pleine nature, les conséquences de ce phénomène sont si importantes que beaucoup réclament soit l’interdiction pur et simple du camping soit des aménagements lourds (toilette, parking…). Pourquoi ?

Photo F Louvel
Par ce que bon nombre de ces « campeurs » d'un soir, sont plus soucieux de faire la fête que de la sauvegarde du site, et qu’ils laissent en partant, une nature dégradée et souillée ! En quelques mois, les abords du parking de Franchard Isatis sont devenu terrain miné… En sortant des sentiers battus, faut vraiment faire gaffe où vous mettez les pieds. Je parle des sentiers battus mais y a des fois où ces tas de PQ sont en plein milieu des chemins ou carrément aux pieds des blocs d’escalade. Attention, départ assis dangereux !



Inutile de dire que la grande majorité ces personnes ne reviendront pas et se moquent donc des conséquences pour les autres utilisateurs de la forêt. D’ailleurs, même dans certains campings aménagés, c'est le cas !

Outre le problème des déjections, la généralisation du camping sauvage a entrainé une forte augmentation des dégradations la flore (coupe d’arbres, incendies…) ainsi que des nuisances importantes pour la faune (dérangement nocturne) et les autres usagers.

 
Le « camping sauvage » se définit par rapport au lieu choisi pour le pratiquer et le type d’équipement et se distingue du « bivouac »... D'un point de vue juridique, ils se définissent par seulement pas exception  à la loi sur le camping, (ce qui n'est pas du camping est autre chose !).

Le bivouac est une pratique principalement utilisé par les randonneurs, les alpinistes, les vététistes souhaitant dormir et n'ayant d'autres choix que de s'installer dans la nature car trop éloignés de toutes infrastructures. A la différence du Camping Sauvage le Bivouac se pratique « à la belle étoile » (sans installation), ou simplement sous une tente légère et dans des endroits naturels. Notez qu'il y a donc une confusion avec les abris de bivouac construits en dur par les alpinistes parisiens des années 1930 à 1970... dont il subsiste quelques beaux spécimens au cœur de la forêt…

Le campeur sauvage aura plutôt tendance à se balader en véhicule motorisé (camping car, combi, voiture...), à se poser dans des endroits plus proches de la civilisation (parking, bord de route, champs...) et à rester plusieurs jours au même endroit.

Donc, vis à vis de la Loi,  si vous dormez en pleine nature, entre le crépuscule et l'aube, sur un emplacement d'une nuit, sans aménagement, vous faite un « bivouac » ce qui est généralement toléré.


Photo François Louvel, Buthiers

En France, le camping sauvage (notamment les camping cars) n’est autorisé que dans des zones très précises. Plusieurs modalités sont ainsi à respecter. Le camping sauvage est interdit dans les forêts, les bois et les parcs qui sont désignées comme des réserves naturelles, et dans les sites protégés dans le cadre du patrimoine naturel. C’est le cas de Fontainebleau, inutile de vous énumérer la totalité des statuts qui protège cette forêt !

Il est également interdit sur les voies publiques ou routières, relativement à toute gêne de la circulation causée par un stationnement inadapté, selon le Conseil d'Etat. Enfin, le camping sauvage peut être interdit dans les zones définies par le « Plan local d'urbanisme » ou PLU.

Voilà,  quelques années que régulièrement, ces mêmes propos, parfois extrémistes et douteux, inondent les forums internet : Stigmatisation des « étrangers », critiques de l’affichage des interdits sur les aires de stationnement, etc. le tout dans un silence assourdissant de réaction tant des grimpeurs les plus emblématiques de la forêt que des associations et fédérations ! Pardon, j’oubliais, il a de belles plaquettes sur la charte de bonne conduite… je vous laisse le soin d’en trouver !


Bref, tout le monde a laissé faire… Quand en plus l’ONF ferme le parking de Cuisinière sans concertation et mesures d’accompagnement, forcément, les nombreux visiteurs étrangers à cette forêt, se concentrent sur le parking voisin, celui d’Isatis !

Bon nombre de grimpeurs arrivent de pays ou régions où le camping sauvage est autorisé et devant l’absence d’information in situ, on peut difficilement les blâmer de s’installer à Bleau au cœur de la forêt. Même si depuis quelques mois, le nombre de gîtes ne cesse de croître, l’offre reste insuffisante et parfois cher.


Par contre, même si certains prennent bien toutes les précautions nécessaires pour minimiser l’impact de leur présence (utilisation de produits biodégradables, enfouissement des déjections, brulage du PQ dans une boîte en métal…), il reste une importante population de visiteurs qui n’ont pas encore compris ce qu’est le respect d’un site naturel. Le problème n’est pas bleausard mais international comme l’atteste les nombreuses news que nous relayons régulièrement.

Isatis juillet 2011, Parking

On ne reprochera donc pas à ces quelques bleausards amoureux de leur forêt de la défendre sans attendre et avec force et conviction. Les méthodes proposées sont parfois musclées ou manquent de tact mais franchement, il est temps que les choses bougent et que les consciences s’éveillent !


Parmi les nombreuses propositions, et comme je suis contre de nouveaux interdits ou des aménagements lourds de notre forêts, je retiens celle consistant à renforcer l’affichage et la diffusion du message. Cela passe par une affiche ou un tract voir par un sticker…

document de travail, un exemple d'affiche à mettre sur différents point des parking ?


Je n’ai pas eut le temps de travailler vraiment dessus et je n’ai ici que jeté quelques illustrations… on peut faire mieux, beaucoup mieux, mais cela sera sans doute plus lisible et acceptable que les papiers placés le WE dernier sur certains pare-brises… avec le message : "You suck at finding a camp spot. Better luck next time. Do not camp here."

J’attends vos (ré)actions. Graphistes, photoshopeurs… éclatez-vous !

J’en profite pour vous rappeler quelques réglementations que vous pouvez retrouver sur nos pages dans la colonne de gauche. L’extrait suivant vient de celle-ci http://latribunelibredebleau.blogspot.com/p/lacces-aux-sites-notions-juridiques.html et a été présentée par Jean-Michel DAROLLES à Réseau Ecole et Nature en Janvier 2009.
III. Les spécificités des « sorties nature »
1. Les prélèvements
Même en dehors des territoires qui ne font pas l’objet de mesures de protection environnementale
spécifiques, les activités de prélèvement sont soumises à l’autorisation du
propriétaire de la parcelle sur laquelle se trouvent les éléments naturels, sous peine d’amende.
- L’article R 331-1 du Code forestier puni l’extraction ou l’enlèvement de pierres, sable, minerai, terre, gazon, mousses, tourbe, bruyère genêts, herbes, feuilles vertes ou mortes, engrais, sans le consentement du propriétaire de contraventions : de 2ème classe* si le volume est inférieur à 2 m3 et de 4ème classe* si le volume est supérieur à 2 m3
- L’article R 331-2 du même code puni le prélèvement des champignons, fruits et semences des bois et forêts sans le consentement du propriétaire de contraventions : de 2ème classe si le volume est inférieur à 5 litres et de 4ème classe si le volume est supérieur à 5 litres.
Le Code forestier protège par ailleurs également les arbres contre les mutilations et coupes, mais ici à l’égard de toute personne (propriétaire et non propriétaire), en effet :
Pour toute personne, sont des contraventions, punis d’amende de 5ème classe*
- L’arrachage, des plans dans les bois et forêts
- La coupe ou l’enlèvement de bois de moins de 20 cm de diamètre dans les bois, forêts, et dans les semences et plantations de moins de 10 ans.
Pour toute personne, la coupe ou l’abattage d’arbre de plus de 20 cm de diamètre sont punis d’une amende de 45 000 €.
Pour toute personne, l’éhoupage, l’arrachage de l’écorce, la mutilation ou la coupe des branches principales sont punis comme s’il s’agissait de coupe (Le montant de l’amende varie en fonction de la taille de l’arbre sur pied - 20 cm, + 20 cm).
2. Le feu
Le préfet dispose d’un pouvoir de police spéciale tiré de l’article L 322-1-1 du Code forestier qui lui permet, en sus des pouvoirs de police du maire, suivant les périodes de l’année ou l’existence du risque incendie :
- de réglementer l’usage du feu (autorisation préalable, limitation ou interdiction)
- de restreindre l’apport ou l’usage de tout appareil ou matériel susceptible de produire le feu
- de réglementer la circulation et le stationnement
- de prescrire le débroussaillement autour des habitations, le nettoyage après exploitation forestière ou en périodes de risques incendies.
3. La « construction » de cabane
Les installations de cabane temporaire (moins de 3 mois), en matériaux légers ne sont soumises ni à
déclaration préalable (en mairie), ni à permis de construire au titre de l’urbanisme (Aucune procédure).
L’installation d’une cabane, qui même modeste, implique une emprise au sol, nécessite normalement l’accord préalable du propriétaire de la parcelle sur laquelle elle se situe.
*Amende de 150 € au plus
** Amende de 750 € au plus
*** Amende de 1 500 € au plus, qui peut être doublé en cas de récidive.


Quelques exemples pour illustrer l'ampleur de la mobilisation des grimpeurs en Europe sur le problème de la préservation de leur site.

A lire sur le site Escalademag :
 


Embellie à Presles

Suite à des conflits entre grimpeurs et propriétaires, le Parc Naturel Régional du Vercors a réalisé des aménagements sur le secteur d’escalade du Charmeil, à Presles. Un parking situé peu avant la ferme Adrien a été créé. Cet emplacement, qui appartient à Dominique et Bernard...

Journée de nettoyage au Kronthal le 16 octobre à lire sur http://www.kairn.com/

Le "Putz Dà" est de retour en Alsace ! Une journée de nettoyage aura lieu sur la mythique falaise du Kronthal le 16 octobre à partir de 10 h 30. Opération détritus aux alentours de la falaise mais aussi brossage des voies sont prévus.


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4 commentaires :

  1. Effectivement on assiste à une dégradation exponentielle de la forêt. Il y a une accumulation de facteurs, la surfréquentation qui est la rançon de la gloire et là il y a pas grand chose à faire, le pb du camping sauvage là par contre il faut interdire, on peut toujours expliquer discuter mais hélas le plus efficace c'est le PV.... Et il y a les bivouacs sauvages, pas ceux des randonneurs et/ou grimpeurs (qui je l’espère sont sensibilisé au pb) mais ceux des fêteurs du samedi et la c'est plus un pb de société en général, perte de valeurs etc qui fait qu'on ne respecte plus la nature, les profs, toute forme d'autorité etc.. Bref complexe tout cela mais en tous cas encore merci pour ton engagement et ta mobilisation, je suis quant à mo prêt à relayer toute forme d'information sur le sujet

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  2. Je crois que le premier truc à faire est effectivement d'expliquer aux grimpeurs/randonneurs/vététistes/cavaliers, etc, comment se comporter dans un milieu naturel (dommage que tout ce petit monde n'apprenne pas ça à l'école :-). Donc cela veut dire des panneaux sur les parkings pour rappeler la réglementation en vigueur. La charte de bonne conduite du grimpeur, je l'ai découverte dans cet article !!

    De plus, je crois qu'il faudrait installer des poubelles sur les parkings, ainsi que des toilettes. On sait faire des toilettes sèches qui fonctionnent très bien, cela éviterait déjà le terrain complètement miné à deux pas des voitures. C'est triste à dire, mais tout le monde ne sait pas chier dans les bois (et la charte du grimpeur ne dit rien à ce sujet, d'ailleurs, alors que c'est précisé sur la charte anglaise).

    Je crois que ce type d'aménagements est la première chose à faire...

    Je me demande si les clubs de la région parisienne ne pourraient pas s'unir pour faire pression sur l'ONF pour que ces aménagements soient fait rapidement, avant qu'il ne soit trop tard ?

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  3. Je constate qu'il n'y à pas que chez moi oû les sites de bloc sont transformé en wc et camping public. A Céusette à la fin de l'été c'est une vraie hécatombe, tout les bloc sont miné, il y à des déchets partout. C'est horrible, j'en est marre de nettoyer. Ceux qui viennent grimper à la falaise de Céuse (et pour le coup ce ne sont pas QUE des "teufeurs") ne ce soucis guère des autres, encore moins de l'environnement et vienne juste pour compléter leur stupide carnet de croix. Je ne comprend pas cette mentalité, surtout chez des grimpeurs. Les feux et camping sont pourtant interdit, il y a un panneau mais rien n'y fait. C'est vraiment déprimant...
    Je compatis amis Bleausard, ne baissons pas les bras...courage.

    Pierre de Gap.

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  4. En ce qui concerne la partie française des personnes qui dégradent, c'est pour moi un problème de génération.

    Il suffit de voir combien d'automobiliste jettent encore leur mégots fumant par la fenêtre en forêt. Aujourd'hui à l'école et à la TV, on bombarde les enfants d'informations et de bonnes pratiques écologiques. Et ça marche! Pour pouvoir avoir travaillé en centre de vacances, ils ont compris.

    Le problème c'est : restera-t-il quelque chose pour eux, tant la forêt est dégradé ?
    Tout est un problème de mentalité. En France, on est les champions du je m'en foutisme.
    Seul une petite partie d'irréductible tente de faire quelque chose, mais je doute que ça suffise.

    Pour finir, je doute que l'affichage soit la bonne solution. Tout ceux qui jettent en forêt savent pertinemment que c'est interdit, dégueulasse, et pas écologique, mais ils le font quand même. Alors pourquoi les mettre des affiches, avec ce qu'ils savent déjà ?

    En attendant, que quelqu'un trouve une idée miracle, je continue mes clean-up de spot de grimpe en gardant espoir que les mentalités changent un jour... :)

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