Le développement durable appliqué au sport. Non à la pensée unique !

Bonjour,
L'article qui va suivre peut être considéré comme un billet d'humeur (mauvaise ?) mais c'est surtout une réflexion sur tout ces textes et réglement qui tombent en ce moment à propos du Développement Durable...


Le 03 mai 2011, Chantal Jouanno présentait la nouvelle Stratégie Nationale de Développement Durable du Sport pour la période 2010-2013. Plus de 2000 acteurs du sport se sont engagés pour élaborer cette stratégie dégageant 234 leviers d’actions et 12 priorités. Finalement la démarche reposera sur 9 défis pour sauver la planète... Bien entendu, l’ADEME s’est associé à l’évènement et publie le petit manuel du sportif éco-futé. La brochure n’apporte pas grand-chose de plus que toutes les communications faites jusqu’ici mais bon, l’Etat se réveille et veut jouer les coachs. Le dispositif est d’ailleurs plutôt fait pour les clubs et associations car avant de me concentrer sur mon bilan Carbonne, je trouve plus intéressant d’agir concrètement sur le terrain, par ces petits gestes que sont le respect des sentiers et le ramassage des déchets.

Le sport en France, c’est 16 millions de licenciés, 15 milliards d’euros dépenses en biens et services sportifs, prés de 2,5 millions d’événements nationaux… Sans compter les pratiquants occasionnels, les randonneurs d’un jour…
Il est donc évident que nos pratiques ont un impact non négligeable sur l’environnement et contribue de manière significative aux émissions de gaz a effet de serre, qu’il s’agisse de la fabrication des équipements, de la construction d’infrastructures spécifiques comme de l’ensemble des transports lies aux déplacements ou encore la consommation d’énergie et d’eau.


Certains lobbies participent eux aussi à la diffusion du message. Ainsi, la Fondation pour la Nature et l’Homme (celle d’un candidat « hélicologiste ») met a votre disposition 13 fiches Sports & Activités de pleine nature. De tous ces guides, mon préféré est sans doute celui diffusé par la FRAPNA (FNE) qui, bien que très bien fait et complet, ne suffira pas à justifier les millions d’euros de subvention qui lui sont versés chaque année par les contribuables. 
Mais ne pas concevoir la défense de l'environnement comme un but en soi n'implique pas d'être indifférent au cadre naturel à l'intérieur duquel se déroulent nos pratiques.

Heureusement les pratiquants n’ont pas attendu cette prise de conscience tardive des officiels pour agir pour la sauvegarde de leur terrain de jeux. La plus part d’entre eux pourrait être qualifié d’éco-responsable même si, à force de les déresponsabiliser depuis vingt ans on assiste à l’émergence d’une génération de pratiquants consommateurs. Ce constat est valable tant dans le milieu de l’escalade que dans celui du surf ou de la randonnée. Finalement, puisque les pouvoirs publics prennent les choses en main, pourquoi s’en soucier ! L’Etat va réparer, l’Etat va nous guider, l’Etat va nous interdire…

Je suis pour une protection sans interdits mais, hélas, devant les dégradations causées par de plus en plus d’usagers, je m’interroge.

Même si je dénonce souvent dans la tribune libre de Bleau, les dérives du comportement de certains usagers, force est de constater que des milliers de bénévoles se réunissent chaque année pour nettoyer leurs terrains de jeux et depuis fort longtemps !


Certaines associations comme le COSIROC (Comité de défense des sites et rochers d'escalade) organisait déjà en 1978 la construction d'ouvrages de stabilisation des sols pour lutter contre l'érosion liée à la sur fréquentation de certains sites d’escalade à Bleau ! Dans le même registre, outre le ramassage des déchets, le Cosiroc se bat depuis plus de 30 ans pour la diminution de l'impact de notre pratique sur les sites (demandes de création d'espaces protégés, diminution du nombre et de la taille des balises des circuits d'escalade, information sur la magnésie, les prises taillées...).

Et en espagne !

Il se bat aussi pour la préservation de ce droit à un accès libre aux sites de pleine nature et pour ce faire il a lutté contre les privatisations d'espaces (Buthiers), leur exploitation par des industriels (carrière, ligne à haute tension...) ou les arrêtés non justifiés (Buoux, APB divers..) qui visaient à nous priver de tout ou partie de nos sites de grimpe. Il en est de même pour les randonneurs dont l'ex-FFRP ou l'AAFF (pour Fontainebleau) agissent depuis bien longtemps pour la préservation du milieu.

Si c'était un sport, je vous parlerais peut être des chasseurs, les Protecteurs Armés de la Nature (les PAN comme aime à les désigner le naturaliste Jeanpoule Debleau) qui militent aussi pour faire entendre leur rôle dans la préservation de la biodiversité. Pire, à cette singulière alliance, trahison suprême envers les montagnards, j'ajoute volontiers le
CODEVER (l'association des quads, motards, 4X4, VTT, équestre...) qui milite pour l'entretiens des chemins par ses pratiquants et se bat jusque devant les tribunaux pour faire reconnaître leurs droits que les partisans d'un tout Wilderness leur refusent. eux aussi ont une charte très bien faite et des difficultés à la faire appliquer...

Bref, nous n'avons pas grand chose à apprendre des initiatives de l'Etat, de l’Europe et des ONG. Nos associations, tant en France qu'à l'étranger, ont depuis longtemps édité des chartes de bonnes pratiques pour les sports nature. Il faudrait juste qu'elles soient : partagées et appliquées !

Partager et appliquer, deux actions auxquelles les ministères devraient donc réfléchir avant d'essayer de nous imposer leurs idées et interdictions.

En effet, que dire du massacre de nos forêts, commandé à l'ONF par le ministère de l'agriculture dans sa logique de rentabilité... Que dire aussi des dégradations faites à notre patrimoine du fait du manque de surveillance de nos forêts les WE fautes de moyens accordés par l’Etat... Pire, on nous fait maintenant un odieux chantage à l’emploi. On mettra les moyens dès lors que l’espace naturel sera classé avec une mesure forte type Parc National. Pourtant Fontainebleau ne manque pas de labels environnementalistes. Entre les RBI, RBD, ENS, les mesures liées à Natura 2000 (vaste imposture sur laquelle je reviendrai bientôt), la forêt de protection, le PNR du Gâtinais, la réserve MAB de l’UNESCO, etc. il devrait être possible de trouver les crédits nécessaires au paiement de quelques agents pour faire respecter la forêt ?!

La Stratégie de l’OCDE pour une croissance verte et le nouveau rapport Vers une croissance verte proposent aux gouvernements un cadre pratique pour stimuler la croissance économique et protéger l’environnement.
« Ce rapport montre que croissance et souci de l’environnement peuvent aller de pair », explique le Secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría. « À condition de mettre en œuvre les politiques appropriées, nous pouvons tout à la fois créer des emplois, accroître la prospérité, préserver notre environnement et améliorer la qualité de vie. Tout en même temps. »

Les opportunités commerciales associées à l’investissement dans la viabilité écologique pourraient se chiffrer en milliers de milliards de dollars d’ici à 2050 dans les seuls secteurs des ressources naturelles. Voilà qui a de quoi laisser songeur et on comprend mieux l’ardeur de certains défenseur de l’écologie qui on bien comprit quel chiffre d’affaires ils vont pouvoir tirer de la nature. Rappelons qu’à l’échelle internationale, les banques s’échangent les droits de pollution. A ce titre, les zones protégées ont une valeur économique reconnues !

Le rôle de nos fédérations sportives dans le domaine de la protection de l'environnement peut se définir à partir de trois grands principes :
1. Défendre ses pratiques et les intérêts de ses pratiquants
2. Concevoir la défense de l'environnement comme une nécessité au service de ses activités
3. Engager la concertation avec toutes les parties concernées
La priorité est donc le développement des activités sportives dont l’impact sur l’environnement ne peut pas systématiquement servir d'argument à l'interdiction de pratiquer.
« C'est pourquoi, (et je cite) la FFME se refuse à culpabiliser ses licenciés (et au-delà tous les pratiquants) au sujet de la dégradation du milieu naturel. Sans vouloir excuser tous les comportements, les dommages causés à l'environnement par les sportifs de pleine nature sont sans commune mesure avec ceux dus aux industriels et aux aménageurs. »



Certes, les ancrages dans le rocher, la purge des cailloux ou le brossage des blocs dans notre forêt constituent des modifications du cadre naturel qui, lorsqu’elles sont massives ou pratiqué dans un site inapproprié, peuvent avoir des conséquences importantes sur la biodiversité. Elles sont toutefois sans commune mesure avec une batterie de pylônes haute tension ou d’éoliennes sur le passage des oiseaux migrateurs ! Les grimpeurs savent accepter des mesures incitant à un déplacement des pratiques dans le temps ou dans l'espace. Ils dialoguent depuis longtemps avec la LPO pour restreindre leur activité proche des nichoirs et la cohabitation grimpeur/oiseau semble plutôt bien fonctionner vu le nombre de falaises où ces derniers viennent nicher chaque année malgré notre présence !
La protection de la faune ou de la flore a conduit à prendre certaines décisions comme l'interdiction de l'escalade dans le Lubéron, le refus de l'extension de l'équipement des rochers du Parc au Saussois ou à la création de la réserve de Pibeste. Les arrêtés préfectoraux de biotope sont légions. Je ne parle même pas des zones Natura 2000 et de leurs inventaires parfois très douteux. La rareté d'une espèce est une notion géographique et temporelle très relative et diversement appréciée. Une interdiction pour protéger l'aigle de Bonelli, peu présent en France, est sans conteste plus justifiable que celle liée au faucon pèlerin, maintenant bien implanté...

Il en va de même avec de nombreuses espèces végétales et animales dont l’implantation en dehors de l’aire de répartition habituelle peut lancer le dialogue. La rareté d'une végétation méditerranéenne commune dans le sud mais exceptionnelle en Bourgogne ou à Fontainebleau justifie t’elle une interdiction.

En plus de cela, nous ne sommes pas tous à égalité au départ, certains pays étant plus richement dotés en sites naturels de pratiques sportives et en biotopes à protéger...

En Belgique, tous les massifs rocheux sont des propriétés privées dont l’accès est très limité. Pour couronner le tout, les sites sont en grande majorité calcaires et constituent des habitats remarquables classés Natura 2000. Le CAB et le CAB-BAC louent et gèrent des rochers qu'ils mettent à la disposition de leurs membres ainsi qu'à d'autres associations. Donc, si vous n'êtes pas membre du Club Alpin Belge ou d'un autre club ou fédérations reconnus par la réciprocité, vous n'avez pas accès à ces rochers ! Et pour le coup, ne vous inquiétez pas, là-bas on fait régner l’ordre.



Nos amis anglais du BMC se battent eux pour conserver l’accès libre aux forêts et contre l’extension non concertée de certains Parcs Nationaux.
Aux USA, les vastes parcs nationaux qui, compte tenu de la surface totale du pays ne sont finalement pas si vastes que cela, l’artificialisation des zones d’accueil du public est très importantes et les réglementations très respectées. Pour cause, pour stationner de nuit dans le parc du Yosemites, il convient d'avoir un permis spécial. Les gardes ont délivrés plus de 50 amendes de 50 US pour ceux qui n’ont pas respectez ces interdits... Même politique en Espagne dans le site de blocs d’Albarracin.

J’en rêverai presque pour Fontainebleau tant les abords des parkings sont immondes (notamment à Pâques) et les feux bivouacs nombreux.

Donc en attendant, usagers des forêts et autres espaces naturels, unissez-vous. Nettoyez et faites respecter les bonnes pratiques dans vos sites. Par là même vous prouverez que vous êtes des citoyens éco-responsable qui n'ont pas besoin qu'on leur interdise les choses. Prouvez aux écolos integristes que vous aussi vous avez une place dans l'équilibre de la nature et que vous ne voullez surtout pas d'une forêt musée mise sous cloche !

Bonne grimpe à tous.


















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