Protection du patrimoine architectural et historique de S&M

Pays à la croisée de nombreuses influences à travers l'histoire, la Seine-et-Marne s’est enrichie dès la Préhistoire : gravures rupestres, pierres levées, campements de chasseurs de rennes (Pincevent au bord de la Seine), puis ouvrages Gallo-Romains sont autant de témoignages à préserver que ceux issus de l’essor du christianisme, du Moyen Age, de l'Histoire et des deux dernier siècles ! 

Assez bien répartis sur l’ensemble du territoire départemental, même si l’on peut constater certains regroupements dans les vallées, les 617 monuments protégés dont 210 classés, placent la Seine-et-Marne en tête des départements franciliens si l’on fait exception de Paris. En effet, la capitale abrite  près de la moitié (1911 monuments protégés dont 424 classés) des monuments d’Ile-de-France (3 936 dont 1 142 classés).
Il est clair que notre département de S&M compte parmi les haut lieux du tourisme architectural et historique. Les mieux protégés et plus connus de nos monuments sont sans aucun doute les édifices religieux et les édifices civils (châteaux, manoirs…). De ce point de vue, la Seine-et-Marne ne se distingue pas de l’ensemble national. Plus de la moitié des communes de Seine-et-Marne (275 communes sur 514) accueillent au moins un monument protégé ! 
Certains sites concentrent un grand nombre de ces bâtiment et constitue donc des pôles indéniables d'attraction touristique :
- Provins avec près de 60 monuments historiques,
- Fontainebleau avec un peu plus de 40,
- puis Château Landon, Lagny, Meaux, Melun, Montereau, Moret, Nemours, Noisiel...


Mais la célébrité de ces édifices masque notre patrimoine Pré-historique niché au coeur du Pays de Fontainebleau. En effet, sur les grès tendres de nos forêts, nos ancêtres ont laissé des milliers de gravures depuis le paléolitique. Mieux, avec plus de mille auvents gravés, notre site est l'un des plus importants d'Europe pour l'étude de l'art pariétal. Hélas, ces gravures sont aussi très faciles d'accès et bénéficie de très peu de protection !

De même, les carriers mais aussi Denecourt et Collinet ont aménagés au XIXème bien des places remarquebles de la Forêt de Fontainebleau. Aucune mesure n'a été prises pour les protéger et, depuis l'envol du cours des métaux, plusieurs plaques commémoratives ont été volées !


Pourtant, l’Ile-de-France est la première région pour le nombre de monuments historiques classés (devant la Bretagne et la Provence-Alpes-Côte-d’Azur). Elle devrait donc être à la pointe de la politique de sauvegarde et de mise en valeur du patrimoine historique au plan national...

Les Mesures réglementaires de protection mises en oeuvre

Sites classés/inscrits

Pour les sites classés, la protection et la conservation d'un espace naturel ou bâti d'un site remarquable, quelle que soit son étendue, relève des dispositions édictées par le code de l'Environnement (articles L. 341-1 à L. 341-15), se référant à la loi du 2 mai 1930 modifiée et à son décret d'application n° 88-1124 du 15 décembre 1988.

Le classement garantit le maintien en l'état des lieux des sites d'intérêt remarquable. Il évite toute opération d'aménagement et la réalisation de travaux lourds et dégradants. De par sa nature, un site classé interdit l'édification d'éoliennes dans son périmètre.

Les sites inscrits relèvent également des dispositions édictées par le code de l'Environnement (articles L. 341-1 à L. 341-15) en référence à la loi du 2 mai 1930, ayant pour objet de réorganiser la protection des monuments naturels et des sites à caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque. Le décret d'application est le n°69-607 du 13 juin 1969.

Il est établi dans chaque département une liste des monuments naturels et des sites dont la conservation ou la préservation présente, au point de vue artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque, un intérêt général. Un site inscrit a pour objet la conservation de milieux et de paysages dans leur état actuel, ou de villages et de bâtiments anciens. Toute modification de l'état ou de l'aspect des lieux ne peut être faite librement par le propriétaire. Les travaux doivent être déclarés au préfet de département quatre mois avant la date prévue de leur commencement. Le préfet recueille l’avis de l'Architecte des Bâtiments de France.

Tout comme les sites classés, de par leurs caractéristiques, les sites inscrits sont peu compatibles avec l’implantation d’éoliennes de grande hauteur.


Site archéologique

La loi sur l’archéologie préventive du 17 janvier 2001 et le décret d’application no 2002-89 du 16 janvier 2002 introduisent une consultation des services régionaux d’archéologie (DRAC) pour tous les projets d’aménagement.
Pour les projets éoliens, la consultation des services régionaux de l’archéologie doit être systématique, même si une carte de sensibilité archéologique n’a pas été établie.

Les ZPPAUP

Les zones de protection du patrimoine architectural urbain et paysager (ZPPAUP), créées en 1983 dans le cadre de la décentralisation, et complétées en 1993 par la "loi paysage", contribuent à la protection d’ensembles urbains et/ou paysagers, choisis sur des critères esthétiques ou historiques.

Dans les noyaux anciens des villes mais aussi surtout des bourgs et des villages qui participent fortement à l’identité patrimoniale d’une région, les ZPPAUP ont vocation à prendre en compte l’ensemble des éléments du patrimoine naturel ou bâti d’une commune, en raison de leurs qualités intrinsèques et non plus seulement au motif de leurs relations à un ou des monuments.

Créer une ZPPAUP, c’est aussi, bien sûr, instituer une nouvelle servitude d’utilité publique dans l’objectif d’adapter la servitude des abords des monuments historiques aux circonstances locales en s’extrayant de l’arbitraire du périmètre des 500 mètres, et de lui donner un corps de règles compris et accepté par le plus grand nombre.


La ZPPAUP remplace les autres servitudes liées à la protection des abords des monuments historiques (Code du Patrimoine) et des sites inscrits (loi de 1930) et, sans supprimer leur bienfondé, leur donne un contenu et une définition précis.

A l'intérieur d'une ZPPAUP :
- tous les travaux sont soumis à autorisation, construction, démolition, mais aussi transformation ou simple modification d'aspect ;
- toutes ces autorisations sont soumises à l'avis de l'Architecte des Bâtiments de France ;
- cet avis est conforme, c'est-à-dire qu'il s'impose à l'autorité qui délivre le permis de construire ;
- il ne peut y avoir de permis tacite.

Les ZPPAUP en Seine-et-Marne

La ZPPAUP a permi de donner aux communes un rôle actif dans la gestion et la mise en valeur de leur patrimoine. Cette démarche participative connaît un vif intérêt puisque le département compte 18 ZPPAUP sur 37 créées en Ile-de-France (données 2006) !
Les dix huit ZPPAUP de Seine-et-Marne sont par ordre chronologique :
Provins Ville Haute, Lagny-sur-Marne, Montceaux-les-Meaux, Villeneuve-le-Comte, Thomery, Barbizon, Brie-Comte-Robert, Le Châtelet-en-Brie, Crécy-la-Chapelle, Provins Ville Basse, Jossigny, Larchant, Bray-sur-Seine, Maincy, Melun, Voulangis, Seine-Port et Rozay-en-Brie.

Au plan national la Seine-et-Marne se place en troisième position (derrière la Dordogne et le Finistère). Elle est donc un département pilote pour la mise en oeuvre de ces procédures et 2 ou 3 projets y sont lancés chaque année.
Comme pour les dispositions relatives aux sites classés, l'implantation d'éoliennes est à éviter dans une bande de 5 kilomètres aux abords d’une ZPPAUP.

Les gravures rupestres de Fontainebleau et environs :

Nos gravures semblent  moins célèbres que les corniformes et poignards de la vallée des Merveilles (Alpes-Maritimes) mais de part leur nombre et leurs spécificités, elles font du pays de Fontainebleau l’un des premiers sites d’Europe pour leur étude.

Signalés pour la première fois en 1868, ces abris ornés ont été recherchés et étudiés par bon nombre d’archéologues. Depuis 1975, le Groupe d’Etudes, de Recherches et de Sauvegarde de l’Art Rupestre (GERSAR) a repris leur étude de façon exhaustive.
Pour l’essentiel, ces gravures datent du Mésolithique (-8 000 à -5 000 ans avant JC). Elles sont parfois accompagnées de quelques raretés plus anciennes ou plus récentes qui, dans ce cas, font l'objet d'une protection particulière.

Beaucoup plus rare, nos rochers abritent aussi trois peintures rupestres. Elles cohabitent avec des gravures et ne sont discernables que sous certaines conditions atmosphériques. Leur faible nombre ne permet pas de définir s'il y avait une désaffection de nos ancêtres pour ce genre de décoration ou si au contraire, ils en ont réalisé mais avec des moyens qui n'ont pu résister aux destructions naturelles ou humaines.
L’art rupestre bleausard montre d’importantes différences avec celui des autres sites. Ici, les gravures sont réalisées sous des auvents ou dans des cavités géodiques, sortes de poches dans le grès. Elles sont souvent exposées à la lumière du jour et à la vue. De la niche à la grotte d'une dizaine de mètres, les parois sont plutôt d'un grès tendre ce qui facilitait le travail des graveurs. Leur forte concentration dans certains sites est sans doute liée aux différentes natures de bancs de grès. On notera l’absence de dalle gravée exposée en plein air au moins jusqu'au temps historique.

Les gravures sont donc principalement schématiques ou géométriques. On trouve quelques figurations animalières et humaines ainsi que des représentations d'armes et outils. Enfin, il existe quelques gravures en plein air d’inspiration chrétienne (calices, hosties ou croix) ou de nature ésotérique, certainement réalisées dans les années 1950.
Décoder ces gravures est une tâche quasi impossible. Outre la difficulté de datation, comment connaître les différentes interactions entre les gravures d'une même cavité ?

Ces gravures ont été réalisées dans des zones assez protégées pour être conservées jusqu'à nos jours. Hélas, elles sont aussi situées dans des zones faciles d'accès, parfois très fréquentées et libre d'accès. Du coup, quand les carriers du XIXè ne les ont pas détruites, ce sont les visiteurs qui le font...
En effet, la faible résistance mécanique du grès et le manque de connaissance des visiteurs de notre forêt les exposent à toutes sortes d’actes destructeurs. Quand elles ne sont pas couvertes par la suie d’un stupide feu de bivouac, elles sont massacrées par des signatures, initiales ou dates ! Visiblement, certains on besoin  de laisser une trace indélébile de leur visite !
En mars 2011, celles de l’auvent du Rocher des Potets furent détruites par deux feux de bivouac qui ont fait éclater la roche !
Pourtant, plusieurs alertes avaient été lancées mais mettre une grille à l’entrée de la cavité ou, ne serait-ce qu’un panneau d’information, n’a pas semblé efficace. Devant de nouvelles dégradations, il a été décidé « l’enrochement » de la grotte pour sauvegarder ce qui pouvait encore l’être… Là, c’est certain, le bivouac devient inconfortable !


En juin 2011, un sentier de découverte de ces gravures a été inauguré dans les Trois Pignons
(Rocher Cailleaux, Vaudoué) avec l'aide du PNR.

Un très bel outil pédagogique qui, quelques semaines après son ouverture, était saccagé par des pilleurs venus voler les moulages en résine des gravures, documents sans valeur vénale. Désespérant…


Que faire pour protéger ces rares témoignages de nos ancêtres ?
Quelques grottes parmi les plus remarquables ont été murées en 1955 et leur localisation n’est connue que des spécialistes. Quant aux gravures qui sont situées à quelques mètres des voies d’escalade, elles ont été, jusqu’ici, préservées. Il faut dire que les grimpeurs locaux sont assez respectueux... Mais aujourd’hui, avec 17 millions de visites, leur sauvegarde semble très incertaine.
Faut il souhaiter que les visiteurs, grimpeurs, randonneurs n’aient le droit de fréquenter notre forêt qu’accompagné d’un guide professionnel et rémunéré comme à Hueco ou dans le PN du Mercantour ? L’accès à Bleau doit-il être limité et payant ? Bref, sommes-nous si bêtes que nous ne puissions pas préserver ces trésors qu’à coups d’interdictions ?
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