Fontainebleau : une forêt mal fréquentée ?

L'autre conséquence de l'hyper-fréquentation du Pays de Fontainebleau, c'est la dégradation de son patrimoine historique, faunistique et floristique par un nombre accru de visiteurs aux comportements peu recommandables. On a évoqué les déchets et l'érosion mais que dire des incendies, du saccage de certains rochers remarquables, du massacre des gravures rupestres, de ce besoin de laisser une trace indélébile de son passage qui pousse certains à inscrire leur nom le plus durablement possible dans la roche ou sur les troncs. Certaines de ces traces peuvent peut être assimilée a de véritables oeuvre d'art mais dans l'ensemble, elles sont plutôt très moches. Le phénomène n'est pas nouveau. Nous ne sommes pas certain que le pourcentage de visiteurs malveillants ait augmenté mais forcément en passant de quelques centaines de milliers à plusieurs millions, le résultat est un accroissement des dégradations ! 

Bien que de nombreux textes réglementent la circulation et le comportement des usagers en forêt de Fontainebleau, peu sont appliqués, faute de moyens ou de volonté.
L'émergence du tourisme de pleine nature au milieu du XIXe siècle faisait déjà regretter aux artistes romantiques et au Sylvain Denecourt d'avoir mis la forêt de Fontainebleau à la Mode !

Ainsi, dès que les parisiens ont pu se rendre en forêt en moins de deux heures (grâce au train en 1849) Bleau a été victimes des premières agressions :
- incendies liés à la mode des cigares,
- gravures des noms des visiteurs sur les blocs,
- destructions plus ou moins volontaires de blocs célèbres (Bilboquet du Diable...)
- destruction de la flore (mode des objets en genévrier par l'Impératrice, bouquet de fleurs protégées...)


Ne cherchez pas, ce bloc a été basculé par des idiots !

Le phénomène ne s'est jamais arrêté et les dégradations sont maintenant à la hauteur du nombre de visiteurs !

EXEMPLES EN IMAGEs :


attention, certaines images sont susceptibles d'heurter la sensibilité des amoureux de la forêt de Fontainebleau...

Les Gorges de Franchard (comme bien d'autres sites) furent entièrement ravagées par les flames notamment en 1904
Les Gorges de Franchard, en 1910, c'est des montagnes pelées


Land'art ou saccage d'un abris de carriers, dernier témoignage d'un métier disparu ?


Les gravures rupestres Préhistoriques de l'Auvent des Potets détruites par un stupide feu de bivouac (le feu est interdit et le bivouac aussi depuis 1942 !)



No comment !
ah, si, il a fallu plusieurs jours de nettoyage !


Laisser une trace de son passage...


Et les grimpeurs avec leur magnésie... font pas beaucoup mieux, ici sur un bloc du sentier Denecourt des Gorges du Houx.

Source Bleau.info

Le muret s'effondre à cause du passage répété des grimpeurs, la magnésie à complètement changée l'aspect du lieu et nous ne parlons pas des feux de bivouac !

Enfin, ultime saccage, le vol des plaques comémoratives sur les sentiers Denecourt Collinet ou, il y a peu, les moulages en résine (donc sans valeur) sur le sentier de découverte de l'art rupestre...



Certains élus locaux nous promettent un changement des comportements si cette forêt devenait un "parc national". N'importe quoi ! 
Dans le Mercantour qui abrite l'autre site important de gravures rupestres préhistoriques, ce n'est pas le respect du label PN qui limite les dégradations mais les interdictions et la présence permanente de gardes ! Cela fait des emplois certes mais aussi un business juteux pour les guides agréés qui accompagnent les groupes de visiteurs...


En attendant, vous pouvez nous aider. Faites respecter cette forêt en diffusant autour de vous et notamment lors de vos sorties les chartes de bonnes pratiques. Dialoguez avec ces visiteurs que vous croisez et qui se comportent mal. Signalez ces incivilités et dégradations.

Vous pouvez nous adresser par mail (la tribunelibredebleau[arobase]gmail.com) vos témoignages et photos (ou commenter ci-dessous). 
Mieux, depuis 2011, les AFF ont mis en place un "observatoire" de ces dégradations. En quelques clics, vous déposez toutes les informations (dates, lieux...) et photos via un formulaire en ligne.


Observatoire de la forêt


Comme les promeneurs peuvent le constater, les atteintes au patrimoine ou aux paysages forestiers ont tendance à se multiplier dans le massif de Fontainebleau : actes de vandalisme, accumulation de déchets ou de gravats, exploitation forestière affectant la qualité des paysages, vol de mobilier forestier etc… Face à cette évolution préoccupante, l’association des Amis de la Forêt de Fontainebleau a décidé de créer un "Observatoire de la forêt" auquel elle souhaite associer non seulement ses membres mais également le public. Les liens ci-dessous vous permettent de signaler les atteintes constatées et le dernier compte-rendu des faits enregistrés avec les suites qui ont été données. Les Aff vous remercient de votre collaboration.


Cette mal-fréquentation est un phénomène ancien qui s'est juste amplifié avec la fréquentation. Quelques faits et légendes...

En effet, outre le célèbre site du Rocher des Demoiselles (appellation plus romantique du vieux rocher aux putins), la forêt de Fontainebleau est devenue ces quinze dernières années un haut lieu de la prostitution.

Depuis que la police traque la prostitution aux abords des lycées de Fontainebleau, elles se sont regroupées le long de la D142E entre le Rocher Canon et le Carrefour du Grand Veneur ! Nous avons abordé ici sur LTL2B a de nombreuses reprises le problème des déchets liés à la prostitution et aussi, plus spécifiquement ceux liés à la fréquentation par la communauté Gays du site du Cuvier. Nous avons même proposé à l'ONF de fermer le parking afin de rendre le site plus difficile d'accès. Une solution radicale qui donnerait aux grimpeurs l'occasion de pratiquer la marche d'approche mais qui, très probablement, déplacerait le problème des déchets sur d'autres sites.


La forêt n'a jamais été un lieu de sécurité. Les sites de blocs sont parfois fréquentés par des personnages assez louches. Prudence donc, si vous allez à Bleau avec des enfants notamment du côté du Bas Cuvier, du Rocher Saint Germain, d'Apremont, du Rocher Canon et de Franchard.


En effet, sans être aussi mystique que la forêt de Brocéliande, Bleau a toujours exercé une influence "magique" sur les hommes qui l'ont fréquentée. Après les gravures rupestres témoins de rites inconnus, le moyen âge a permis le développement de nombreuses légendes dont la plus célèbre est certainement celle du "chasseur noir" ou "grand veneur" apparu à Henri IV en 1599, peu de temps avant sa mort.

Plus réel, la sylve a aussi été un refuge durant les différentes guerres depuis l'invasion de la Gaulle par les Romains jusqu'au dernier conflit mondial ! Quand certaines grottes abritèrent les habitants des villages, d'autres servaient de refuge aux soldats et résistants. Elles l'étaient aussi pour quelques brigands comme en témoignent des récits parfois si vieux qu'ils frôlent la légende (Mont Saint Louis, Histoire de l'Ermitage de Franchard...)

On pourrait croire ces temps révolus mais il y a quelques années, nous avons découvert dans les carrières près du Rocher St Germain, les restes d'une soirée de magie noire : étoiles et pentagrammes faits avec des bougies et poulets découpés... Et avec les siphonnés du bocal, mieux vaut être prudent car Bleau est resté un haut lieu de la magie noire en France !

En effet, s'il n'existe que très peu de traces écrites des cultes païens et celtiques, on ne sera pas surpris d'apprendre qu'ils se perpétuent de nos jours. Une des six filiales françaises des Collèges celtiques d'Ecosse compte des parisiens (Druides Parisii), dont un Archidruide, des Grands Ovates et des Bardes qui pratiquent encore ces rites ancestraux aux équinoxes et solstices. Citons aussi la procession de la Lunade et les célébrations du passage à l'an nouveau, le sixième jour après la pleine lune qui suit le solstice d'hiver. En 1961, une enquête de Serge Hutin lui avait permis d'affirmer que les environs de Melun abritaient le siège d'une de ces confrèreries secrètes.

Parmi les récits attestant de la mal-fréquentation de Fontainebleau, citons les récits de Locatelli en 1664, de Pelissier en 1658 ou celui de Dom Morin en 1630. On pourrait aussi citer un poème composé par Roger de Collerye en guise d'épitaphe pour les cinq "honorables personnes tuez et occis en la forêt de Bière" en mars 1534. Ces "gens mauditz, meurdriers, meschans et soudars" étaient craints sur le chemin de Chailly (devenu la célèbre N7) et la Route de Bourgogne, notamment dans la traversée du Rocher du Cassepot et vers les Hautes-Loges. En 1645, un chef de bande nommé Jean Gautier de Thomery fut arrêté, passé à la question, pendu, et ses complices, envoyés aux galères. Lors d'une promenade sur les hauteur du Rempart du Cuvier, vous découvrirez un monument à la mémoire de Sampité, ce garde abattu avec son propre fusil au début du XIXe. L'affaire ne fut jamais élucidée malgré les nombreux suspects dont certains truands de Barbizon. Le grand chêne qui portait son nom ne pu résister à la tempête de 1999. Il y eut aussi le meurtre à la même époque d'un autre forestier nommé Marthe.

Toujours au XIXe, deux affaires firent grand bruit : celle de l'attentat du régicide Lecomte contre Louis-Philippe en avril 1845 et le meurtre de "Dame Mertens" par "Dame Frigard" en mai 1867 dont la date est gravée sur une roche de La Fosse à Rateau. Les guerres y laissèrent aussi de nombreuses victimes notamment en 1870.

Mais ces évènements lointains trouvent aussi écho aux XXe et XXIe siècle.
Dans les gorges d'Apremont, la fameuse Caverne aux Brigands, sans être le refuge de la bande à Tissier comme le racontait Denecourt et l'ancien bucheron reconverti en limonadier, fut tout de même le théâtre d'une macabre découverte le 14 décembre 1937 : le cadavre de Jeannine Keller. L'enquête de police permis de découvrir dans le sable une photo d'identité perdue par l'assassin. Ce meurtre était le sixième de Weidmann et lui avait rapporté 1300 francs.

En avril 1937, un passant découvrit un autre cadavre en bas de la côte du Grand-Veneur. C'était celui du truand "pierrot le bancal", Pierre Decormis de son vrai nom, abattu par un de ses complices, Eugène Poujols. En 1958, la jeune Dominique Thirel fut tuée puis incinérée par Georges Rapin au lieudit "la vente des Charmes", près du Carrefour du Touring-Club sur la route ronde.

Mais parmi les meurtres sordides du XXème siècle, celui des "fiancés de Fontainebleau" reste la plus célèbre de nos énigmes. On ne sait toujours pas par qui et pourquoi ils ont été tués. On parle de braconnage ou de rencontre avec des trafiquants d'armes.
A ce sujet, lors des attentats de 1995 à Paris, des fouilles ont eut lieu à Bleau pour retrouver une cache d'armes signalée par un des poseurs de bombes lors de son interpellation. Il faut signaler que de telles caches, si elles nous paraissent improbables, existent belle et bien. Citons ici celle qui contenait des explosifs et de la cocaïne qui fut trouvée dans les années 80 près d'Apremont et une autre, près de Nemours en novembre 2008. Cette dernière, découverte un peu par hasard, lors d'une enquête sur la prostitution, était la cache d'un réseau terroriste d'extrême gauche, le GRAPO, créé sous Franco.



Enfin, sur le parking de la forêt départementale des Grands Aveaux (Essonne), plus connu des grimpeurs sous l'appellation de Beauvais, il fut retrouvé un corps démembré, décapité et calciné. Parmi les pistes étudiées, celle de la mafia de la prostitution semblait la plus crédible mais les gendarmes finirent par arrêté l'épouse du défunt, trahie par un mégot de cigarette. Une étrange enquête qui avait débuté suite aux deux cambriolages qu'avait signalé la tueuse !

Enfin, vous le savez certainement, fin septembre 2009, Marie Christine Hodeau, une femme de 42 ans, fut enlevée lors de son jogging. Son corps fut retrouvé un peu plus de 48 heures après sa disparition, non loin de Boissy-aux-Cailles. Elle avait pourtant réussit a téléphoner depuis le coffre de la voiture de son agresseur et s'était même détachée de l'arbre auquel il l'avait ligoté. Arrêté, le suspect connu de la justice, avait déjà été condamné à onze ans de prison dans une précédente affaire.


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