Le COSIROC ? C'est quoi ça ?



Les randonneurs et les promeneurs ont longtemps constitué le gros de la troupe des usagers passionnés par Bleau. Toutefois, les grimpeurs ont rapidement appris à défendre le territoire face à la toute puissante Administration. En cela, la fondation en 1962 d'un Comité de défense des sites et rochers d'escalade a marqué une étape déterminante. Notre seul regret étant que cette création d'un "super comité" ne soit pas intervenu avant l'ouverture de l'autoroute du sud ce qui aurait peut être évité cette gigantesque cicatrice d'asphalte au cœur de la plus belle forêt du monde.

En 1967, devant l'importance des nouveaux problèmes qui se posaient, ce simple comité de liaison fonde une association, déclarée sous le nom de COSIROC dont les membres fondateurs sont le Club Alpin Français (CAF), la Fédération Sportive et Gymnique du Travail (FSGT), le Groupe Universitaire de Montagne et de Ski (GUMS), la Société des Amis de la Forêt de Fontainebleau (AAFF) et le Touring Club de France (TCF). Depuis cette date, son action s'est étendue, comme le lui permet l'article 2 de ses statuts, non seulement aux sites rocheux mais aussi aux problèmes d'environnement, en Île-de-France puis sur le territoire français, notamment par l'adhésion de nouvelles associations dont la Fédération Française de Montagne et d’Escalade (FFME) jusqu'en 2004.

L'article 2 des statuts du COSIROC prévoie :

« 1) La défense des intérêts

- du public en général par la mise sous protection des espaces verts indispensables à la vie des habitants des zones urbaines ;

- des communautés rurales par la protection des espaces non cultivés nécessaires à l'équilibre biologique des campagnes ;

- des générations futures par la conservation du patrimoine naturel et forestier.

2) L'étude en commun avec toutes les associations sportives, de tourisme ou d'intérêt public concernées, en vue de la coordination des interventions auprès des pouvoirs publics, associations, sociétés, organismes semi-publics, collectivités publiques et privées sur toutes les questions relatives :

- à la protection et au maintien dans l'état naturel des sites, forêts, rivières, montagnes, bords de mer, zones rocheuses et de tout terrain, reconnu ou non, ayant vocation de lieu de détente ;

- aux aménagements restreints nécessaires pour permettre dans les sites et zones précités la libre pratique de toutes les activités de plein air compatibles avec le maintien des lieux dans l'état naturel.

3) L'information et l'éducation du public par des réunions, conférences, articles, diffusion de brochures ou part tout autre moyen de communication jugé utile, en ce qui concerne les sites qui lui sont offerts pour ses loisirs et pour la pratique des activités de plein air.

4) Représenter les intérêts des associations fondatrices et adhérentes afin de mettre à leur disposition des espaces, terrains naturels de jeu, et leur permettre la pratique des activités de plein air compatibles avec le maintien des lieux dans l'état naturel.

Pour une plus grande efficacité, les activités du Cosiroc seront réparties entre trois commissions :

La commission régionale Île-de-France des circuits d'escalade
, créée en 1972, coordonne, en liaison avec l'ONF, le balisage des circuits de Bleau (au sens large), en essayant de ménager les divers intérêts présents en forêt : grimpeurs, randonneurs, riverains, naturalistes, ONF… et leurs soucis de protection de l'environnement, de lutte contre l'érosion, le vandalisme, les exploitations militaires, l'urbanisation… Depuis 2010, elle collabore aux travaux de la Commission des sites naturels du CD FFME 77.

La commission des sites, créée en 1981, s'occupait, elle, des problèmes d'environnement et d'aménagement plus directement liés à la pratique de l'escalade dans les sites français. Elle travaillait en étroite collaboration avec la Fédération Française de Montagne et d'Escalade (FFME), fédération délégataire, à la protection des sites et au maintien du droit d'y grimper. Les problèmes de sécurité y sont traités avec une attention particulière du fait de la fréquentation croissante - et par des visiteurs de moins en moins bien informés des risques et des règles de l'art - et de l'évolution du matériel.

Certains se sont étonnés de ce rôle joué par le Cosiroc. Rappelons ici que la FFME, ne nait de la fusion de la Fédération Française de la Montagne et de la Fédération Française de l'Escalade qu'au milieu des années 1980. Empêtrées dans une longue querelle, notamment sur le thème de la compétition, ces deux jeunes fédérations ne pouvaient jouer leur rôle. C'est donc le Cosiroc, fort de son expérience francilienne qui régla bon nombre de problèmes d'interdiction de sites d'escalade (Buoux, Mouriès...), qui proposa les premières conventions de gestion des sites, qui élabora les bases des "normes" d'équipement et qui créa le Guide des sites naturels d'escalade de Frances. A la mort de Daniel Taupin en 2003, la FFME a mis fin à sa collaboration avec le Cosiroc.

Enfin, la commission des topoguides, créée en 1996, permet une synchronisation des travaux pour l'élaboration des ouvrages. Les recettes de ces publications constituent la principale source de financement du Cosiroc.

L'ensemble des travaux du Cosiroc a donc fait l'objet de publications, régulièrement mises à jour. On peut citer ici le célèbre « petit livre rouge » qui n’a rien à voir avec un autre ouvrage plus politique et dont le titre est Guide des sites naturels d'escalade de France (cinq éditions successives en 1982, 1984, 1986, 1989 et 1995), Aménagement et équipement d'un site naturel d'escalade (dernière édition en 1992), divers topoguides (Bleau, Saussois…) et notes d'information diffusés à plusieurs milliers d'exemplaires. Le développement des antennes locales de la FFME et la disparition tragique de Daniel Taupin stoppera le développement de ces publications et des interventions du COSIROC en dehors de l’Ile-de-France.
A noter que le COSIROC a très régulièrement fait parler de lui y compris dans les plus hautes instances de l'Etat. A ce titre, il était cité dès 1970 dans les questions parlementaires !

Question parlementaire du 19 septembre 1970 : alpinisme et escalade en forêt
Assemblée nationale
JOAN p. 3978

Question :
13283. — (Question du 18 juillet 1970.) M. Odru attire l'attention de M. le Premier ministre (jeunesse, sports et loisirs) sur les besoins actuels des grimpeurs et alpinistes des régions parisienne, normande et orléanaise s'entraînant en des sites d'escalade relativement proches de leurs lieux d ' habitation (par exemple Fontainebleau, les falaises de la Seine, le Saussois dans l ' Yonne, etc.) . Il lui demande quelles mesures il a prises ou compte prendre pour répertorier e les terrains de jeux naturels n existants pour en créer de nouveaux et pour les réserver aux grimpeurs et alpinistes intéressés afin qu'ils puissent sans difficulté majeure pratiquer le sport qu' ils ont choisi .

Réponse :
(19 septembre 1970) — Les associations de montagne connaissent fort bien les sites d'escalade, particulièrement ceux de la région parisienne et de la Normandie. Elles ont même constitué sur le plan régional des interassociations avec des associations de sauvegarde des sites naturels : ainsi en est-il du Cosiroc pour la région parisienne. Ces associations ont constitué des dossiers sur les sites d 'escalade, non seulement sur le plan technique (qui ont donné lieu à des publications à l'intention des grimpeurs), mais aussi sur le plan du droit foncier. La Fédération française de la montagne a prévu de réaliser prochainement un inventaire systématique et exhaustif de tous les sites d' escalade. Le souci de protéger ces sites comme l'ensemble des espaces propres à la pratique des sports de pleine nature a inspiré les travaux du Haut Comité des sports qui ont éte résumés dans la brochure "De l 'air pour vivre", parue en 1964. En outre, les problèmes de la sauvegarde des espaces de sports de plein air (et donc de l' escalade) et de loisirs ainsi que ceux de leur accès font l'objet de travaux dans le cadre de la préparation du VI' Plan (commission des activités sportives et socioéducatives, intergroupe loisirs). Par ailleurs, des mesures de protection ont été prises, au moyen de règlements d ' urbanisme et de la législation sur la protection des sites. C'est ainsi que le massif forestier de Fontainebleau, qui comprend de nombreux massifs rocheux particulièrement propices à l'escalade, a été classé au titre de la loi de 1930 pour la partie domaniale et inscrit à l 'inventaire des sites pour les antennes Ouest et Sud dont la plus grande partie se trouve sous le régime de la propriété privée, certaines parcelles particulièrement remarquables se trouvant classées. Des mesures d'acquisition, qui, seules, sont susceptibles d 'assurer définitivement l'affectation à la collectivité, ont été engagées. C'est ainsi que le massif des Trois Pignons, antenne Ouest du massif forestier de Fontainebleau, a été déclaré d 'utilité publique et est en cours d'acquisition par le ministère de l'agriculture. Cette partie de la forêt comprend de nombreux et importants massifs d 'escalade. C'est ainsi que la base de plein air de Buthiers (en Seine-et-Marne) comprenant deux massifs d 'escalade est en préparation : l'enquête en vue de la déclaration d 'utilité publique devrait intervenir très prochainement. Il s 'agit là des premières opérations engagées qui devront être suivies par d'autres opérations. Il semble possible, à l'occasion du VIème Plan, d 'engager un programme de protection systématique des sites d'escalade, comme des autres espaces de loisirs.

Des résultats :

Depuis sa création, le Cosiroc, grâce à ses bénévoles et ceux des associations membres, est intervenu dans de nombreux dossiers avec bon nombre de résultats positifs pour l'environnement, les grimpeurs et les communes des sites d'escalade. On retiendra surtout :
- que de 1962 à 1979, le Cosiroc se bât, aux côtés de plusieurs associations, pour obtenir la déclaration d'utilité publique rattachant la forêt des Trois Pignons à la forêt domaniale de Fontainebleau et la création de zones de silences interdites à tous véhicules à moteur (1978).
- que de 1965 à 1967, le Cosiroc obtient l'arrêt de la privatisation du site de Buthiers et la création d'une base de loisirs gérée par le Conseil Général de Seine-et-Marne.
- que de 1974 à 1980, les bénévoles du COSIROC nettoieront l'ancienne carrière de grès de la Troche et réaliseront sa transformation en site d'escalade de blocs, après son acquisition par les communes d'Orsay et de Palaiseau (91).
- de 1976 à 1977, le COSIROC se mobilisera pour le classement du Parc du Château de Chamarande après acquisition par le Conseil Général de l'Essonne (91).
- que de 1976 à 1979, il travaillera à l'obtention du classement des bois et rochers du Parc (Saussois) dans l'Yonne (89) et la création d'une réserve naturelle de 45 hectares.
- qu’entre 1984 et 1987, le COSIROC se bâtera pour le rétablissement de l'autorisation de grimper sur une grande partie des falaises de Buoux/Aiguebrun situées dans le parc régional du Lubéron. Ce site était l'un des plus importants de France et son interdiction a causé un véritable traumatisme chez les grimpeurs. Elle a aussi permit de prendre conscience des problèmes liés à la sur fréquentation des falaises en milieu rural sans concertation préalable.
- De 1976 à 2005, il a soutenu les travaux d'aménagement de nombreuses falaises et leurs acquisitions ou locations par des associations membres du Cosiroc. Ces opérations ont nécessité la création de nouveaux outils contractuels dont les conventions de mise à disposition et de location de falaises reprises aujourd’hui par la FFME.
- Enfin, depuis 1978, la Commission des circuits a initié et conduit la plupart des travaux de lutte contre l'érosion anthropique en forêt de Fontainebleau et plus particulièrement dans les Trois Pignons, à Franchard, Larchant ou Apremont.

Depuis 2004, le Cosiroc s'est recentré sur l'Ile-de-France faute de moyens humains notamment !

www.cosiroc.fr
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